Le rapport d’études 2013 « Publicité et environnement » de l’ARPP a été publié le 29 octobre dernier. On va faire simple, c’est un grossier copier-coller de l’année dernière. Encore plus fort que l’URSS et les républiques bananières.
Alors, si ce rapport est le même, pourquoi est-ce que je ne reprendrais pas mon article de l’année dernière ? Nous pourrions voir aisément ce qui a changé – ou pas. Si pour le rapport 2012, on pensait avoir touché le fond, pour le 2013, on creuse ! Comparaison :
• L’année dernière : sortie du rapport 11 mois après. Et là, alléluia ! Le rapport 2013 est sorti le… 29 octobre 2014, soit un mois avant. Certes il y a amélioration (courage, dans 7 ans on devrait arriver à des délais convenables !), mais le résultat est le même. Quand ce rapport sort, il est déjà périmé, et ne reflète pas du tout la situation actuelle.
• l’année dernière : un rapport qui ne peut pas se prétendre « rapport annuel », puisque ne portant que sur 4 mois. Cette fois-ci ? Pareil. Subtile différence, on est passés de la période janvier-avril à septembre-décembre. Qu’est-ce que cela change ? Rien. Ceci n’est pas un rapport annuel. Quand on prétend remplacer la puissance publique en contrôlant un secteur, on le fait vraiment, ou on ne le fait pas du tout.
• l’année dernière : un rapport ne portant que sur 2 médias, les bannières web et la presse (et encore, uniquement les grands titres nationaux). Cette fois-ci ? Pareil, toujours la même bouffonnerie. Pas de greenwashing à la télé, en affichage, au cinéma, à la radio ? Quelle blague… d’autant que tous les secteurs économiques ne sont toujours pas présents.
• l’année dernière : un taux de « conformité totale » encore une fois en progression. Cette fois-ci ? Pareil ! Tiens, comme par hasard ! On passe gentiment de 92 à 93%. Et toujours avec des manquements concernant des annonceurs aussi impressionnants que Demeures caladoises, Eura Mobil camping car ou Caraloisir (contre qui je n’ai évidemment rien). Soyons sérieux : il n’y a pas de diminution régulière du greenwashing, c’est absolument faux.
Conclusion : qu’on le dise haut et fort, comme d’habitude, ce rapport de l’ARPP est bidon, partiel et partial, complètement artificiel. On est dans la propagande à l’état le plus brut.
Stop à la propagande !
Pourquoi est-il important de dénoncer ce rapport ? Certainement pas par principe ou par un amour très français de la critique. Non, c’est plutôt, d’une part, parce qu’il est un emblème des dysfonctionnements de l’auto-régulation publicitaire. Le mensonge éhonté, la dissimulation à deux balles, le mépris, la suffisance, le profit de quelques-uns au mépris du bénéfice de tous, et même la bêtise, oui la bêtise pure et dure de ce système doivent être révélés et connus de tous. On ne doit plus jamais trouver d’articles comme celui d’Actu Environnement qui titre « Le greenwashing en perte de vitesse » – exemple d’article non-journalistique malheureusement assez classique, qui reprend les chiffres donnés par la source, pour sortir un article racoleur et mensonger, alors que tout indique que les données sont fausses.
D’autre part, et cela fera l’objet d’un prochain article, il est primordial de nous battre pour changer les structures, peut-être plus encore que de vouloir susciter des prises de conscience individuelles. Pour le dire plus simplement, tant qu’il y aura des structures comme l’auto-régulation publicitaire, telle qu’elle est utilisée actuellement, tout changement de pratique dont notre profession aurait cruellement besoin pour restaurer un peu de confiance se voit grandement compliqué.
C’est là tout le paradoxe de l’auto-régulation publicitaire : moins on régule, moins la communication y gagne.
Crédit photo : la faucille et le marteau, sur Shutterstock.
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Je ne peux que partager cet avis et en fait d’ailleurs l’écho dans mon nouvel article:http://lenfercestlacom.wordpress.com/2014/11/25/nobody-is-perfect/
Merci, Virginie ! Article que je recommande 🙂
J’ai peut-être oublié un élément dans mon article. Depuis l’année dernière, ce rapport est « certifié » par Bureau Veritas. Ce dernier décrit ainsi sa certification de services : « Basé sur un référentiel dans lequel vous aurez fixé le niveau qualitatif de vos promesses, vous pourrez obtenir une certification qui sera le pilier de votre communication. » Et ça, c’est la cerise sur le bigorneau.
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C’est un article de « Actu-Environnement » et pas Novethic 😉
Oups, ça c’était un commentaire qui était passé dans les indésirables… indésirables que je ne vérifie que rarement. Désolé.
Bienvenue sur ce blog, Marion ! Oui, en effet, il s’agit bien d’Actu Environnement, je viens de rectifier dans l’article. Novethic, c’était l’année dernière 😉
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